• Nous arrivons à Ciudad Guatemala, deux millions d'habitants dans encore une autre cuvette montagneuse qui déborde. Les quartiers populaires sont construits sur des pentes trop fortes, trop loin des centres de travail... Un tas de sous-emplois pullulent en ville, des chiffonniers, des vendeurs et vendeuses ambulants, des cireurs de chaussures, des laveurs de pare-brises. Des gamins des rues se retrouvent dans les rues plus sombres pour sniffer de la colle. La violence est palpable, comme je l'avais perçu à Bogota. Nous y passons deux jours passablement nerveux.

    C'est dans cette ville que nous avons vues pour la première fois des femmes maya. Elles tiennent plusieurs des stands de fringues dans la 6eme avenue. Elles portent encore leur vêtement traditionnel : un "corte", pièce de tissu attachée autour de la ceinture par une longue ceinture; un "huipil", blouse souvent tissée à la main sur des métiers de ceinture; et une bande de tissu dans les cheveux. Si les formes changent peu entre les différents villages, les couleurs et les matières changent mille fois. Depuis les cortes au fond noirs pleins de motifs complexes en fil gris et argente de Quiche jusqu'au cortes bleu marine à fine rayures bleu pale des femmes de Todos Santos Cuchumatan. Depuis les huipils en tissus modernes blancs avec des fleurs dans la trame rebrodes avec des fleurs en couleurs de Quiche, jusqu'au huipils pleins de motifs abstraits en jaune et vert de Nebaj. Depuis les simples bandeaux de tissus unicolores qui sont tresses avec les cheveux en deux tresses attaches en bas par une boucle de Todos Santos Cuchumatan, jusqu'au bandeau multicolore semblable a une peinture de Sonia Delaunay termine de pompons que les femmes de Aguacatan transforment en couronnes de cheveux et de textile.

    A la sortie de Guatemala Ciudad nous nous faisons de nouveau arnaquer, tout va trop vite et je ne fais pas assez gaffe. Nous nous retrouvons dans un bus qui ne va pas où nous voulons aller et nous avons payé bien trop d'argent. Quand nous nous rendons compte du micmac nous sommes déjà sur la route. Peu importe, finalement, le bus va à Santa Cruz del Quiche, nous voulions y aller à un moment ou à un autre. Peu importe, deux femmes mayas nous aident à récupérer une partie de l'argent escroqué auprès de l'ayudante du bus. J'espère être plus malin la prochaine fois...

    Quiche, Nebaj, Chajul, nous rentrons dans les hauts plateaux, nous quittons les routes goudronnées, il arrive même que nous voyagions à l'arrière de pick-up entre sacs et poussière.

    A chaque fois nous traversons de magnifiques paysages, montagnes couvertes de pins, champs de mais prêts à être récoltés, maisons disséminées sur les pentes et les sommets des collines, le paysage est surprenament peuplé. Les maisons ont souvent un toit en tuiles et se situent par groupe de deux, trois ou quatre autour de places, comme les ruines des maisons de la noblesse maya classique que nous avons vues à Las Sepulturas au Honduras.

    Dans les villes et villages toujours une belle église blanche fait face à la place (celle de Nebaj est remplie de saints en bois devant les quels quelques fleurs ou des bougies font figure d'offrandes, celle de Chajul a une belle porte sculpte d'animaux stylisés comme ceux que les femmes Ixil portent sur leur huipil). Les marchés envahissent ces places et les rues adjacentes au moins une fois par semaine, sans doute de la même manière presque depuis des centaines d'années. Sous les auvents des maisons des femmes tissent souvent sur leur métiers à ceinture, on sent une activité fébrile sur le haut plateau, comme s'il fallait rattraper le temps tué et la peur des années de Guerre.

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  • Nous avons traversé de nombreux kilomètres, suivi plusieurs routes, cahoté dans des pick-up et à l'arrière de camions bétailliers, en plus, bien sur, des omniprésents bus scolaires américains pour arriver jusqu'ici, à Xela, le Xelaju Maya, Quetzaltenango, deuxième ville du Guatemala avec ses 250 000 habitants.

    Je vous avais laissé à Tela, au Honduras, l'une des capitales de Bananaland. Les bâtiments du compound de l'entreprise des USA qui gérait les bananeraies sont devenus un hôtel pour bourgeois, toujours aussi select, toujours aussi fermé au gens du coin. Du chemin de fer qui permettait l'exportation des bananes il ne reste que quelques rails à demi enterrés qui gênent le transit véhiculaire. Le quai où s'arrimaient des bateaux venus de l'autre coté des Caraïbes a brûlé, il n'en reste que des poteaux fantasmatiques s'éloignant dans la mer.

    Nous sommes effectivement allé faire un tour en kayak dans les mangroves, le tourisme, c'est le remplacement des bananes dans cette ville. Ce fut quand même une belle balade, le cul mouille, assis dans un kayak de mer, nous avons pénètre un labyrinthe de racines aériennes. Entre les branches, des hérons, des cigognes, un cormoran, un bébé caïman se réchauffant au soleil et deux singes hurleurs solitaires cherchant tribu...

    Cependant, peu de garifunas dans les locaux de l'agence qui nous a organisé la ballade, elle s'appelle pourtant "Garifuna Tours", les limites de l'écotourisme ?

    De là nous sommes allés à San Pedro de Sula, ville soulante, monstrueuse et arnaqueuse, deux gars se proposent nous montrer d'où partent les bus pour Copan Ruinas. Tout le long du trajet je suis en mode parano, en fin de compte ils m'amènent à une station de bus que j'aurais trouvé seul et me font payer leur gentillesse...

    Copan Ruinas est la première ville vraiment toubabisée que nous croisons dans notre périple. Des cars de touristes de toute nationalités débarquent, un tas de backpackers squattent les hôtels pas chers et un bon nombre de bars ont eu leur architecture intérieure relookée pour satisfaire les expectatives latinos des visiteurs. Les magasins d'artisanat sont remplis à craquer de produits du Guatemala et de mauvaises reproductions de stèles mayas classiques.

    Le site de Copan es tout simplement magnifique, je ne m'étendrais pas. Il est intéressant de se rendre compte que la chute de la civilisation Maya serait vraisemblablement due à la surexploitation d'un environnement fragile. Copan est un centre cérémoniel et administratif, nous avons aussi visité le quartier d'habitation noble de Las Sepulturas, tout voisin.

    Par une mauvaise route boueuse nous sommes rentrés au Guatemala, des gardes frontières martiaux armés d'Uzi protégent le passage, un frisson me parcours le dos. Rios Montt, Général putschiste responsable d'au moins 440 massacres dans des villages des hauts plateaux lors de sa politique contre-insurrectionelle destinée à détruire la base sociale des guérillas guatémaltèques (près de 100 000 morts), a été récemment élu président de l'Assemblée Nationale du Guatemala, son parti est au pouvoir et un militaire vient d'être nomme Ministre de l'Intérieur...

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  • En début de semaine nous étions à La Bodega (à peu près 300
    habitants) faire quelques mesures de débit sur des sources.

    C'est un jeu marrant si fatiguant :

    Il faut demander à un membre de la communauté qui connaît
    bien le coin où il vit s'il connaît une source qui ne tarît pas. Ensuite il
    faut le suivre, à travers champ, à travers barbelés, à travers marécage (lui
    est chaussé de botes en caoutchouc - futé, le gonze - toi t'as des bottes de
    l'armée nica forcement trop petites et en plus tu ne sais pas ou foutre les
    pieds), à travers un bout de bois au dessus d'un torrent. "C'est juste
    là," dit le gonze, "on va passer par-là" et il montre du doigt
    l'horizon : c'est loin "par-là". Toi tout le temps tu mates, un peu
    fasciné, le revolver qui de temps en temps sort de la chemise d'un autre
    bonhomme de la partie.

    Tu visites ainsi une source, tu construit un petit barrage
    et tu mesures le temps qu'il faut pour remplir un seau à cet endroit, mais elle
    n'est pas assez haute par rapport au village, une autre n'a pas assez de flotte.
    Et c'est reparti, d'autres chemins, d'autres embûches, peut-être qu'il faudra
    passer à coups de machette à travers de la jungle, peut-être que tes grolles
    seront remplies de flotte, peut-être qu'un gars te montrera comment on attache
    les pattes d'un énorme crabe d'eau douce pour le faire bouillir dans sa soupe
    du soir et peut-être qu'enfin, dans un petit col, tu trouveras la source que tu
    cherche : assez d'eau, assez haut.

    Le soir à la lumière d'une bougie tu écoutes des légendes de
    la jungle : un commando de la contra attaqué par une horde de tigres ; le
    tigre-cheval qui ressemble à un fourmilier mais qui cause des blessures avec
    ses ongles pour ensuite sucer le sang de ses victimes.

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  • La route vers Comayagua est similaire a celle que nous avions pris depuis Ocotal. Soudain une vallée semble couverte de pâtés de maisons poussant comme une mauvaise herbe. Ce sont des villages post-Mitch, la nouveauté par rapport aux villages dans lesquels ces gens vivaient avant l'ouragan, c'est que ceux-ci sont proches des lieux de travail, qui eux aussi semblent avoir pousses comme des champignons, ce sont de maquilas propriété de coréens, taiwanais ou citoyens des US.

    Comayagua est l'ancienne capitale du Honduras, entre les basses maisons coloniales aux toits en tuiles, cinq églises coloniales aux gros clochers carres ont assure la conversion des peuples qui vivaient dans la région. La Coopération Espagnole est en train d'investir dans la rénovation de la ville. Toute la publicité pour les magasins du centre doit être faite sur du bois. La ville est belle et agréable on aurait envie d'y vivre un moment dans une maison en adobe avec un large patio. Cependant elle est comme aseptisée, trop propre, trop bourgeoise et les panneaux routiers bilingues rappellent a l'esprit la présence toute proche d'une base militaire US ou la Contra reçu une partie de son entraînement...

    Encore des signes des échanges Sud - Sud : prenant le virage devant la petite église de la Merced, peinte en jaune et blanc, un camion TATA fabrique en Inde nous dépasse...

    La plaine de San Pedro de Sula anciennement propriété de la United Fruit et couverte de bananiers est maintenant couverte en grande partie par la ville grandissante et plusieurs maquilas de plus. Malgré la preuve historique de la faillite du régime de concessions qui a régit l'investissement étranger dans cette partie du monde cela continue, a quand le terme "République Textilière" ?

    Puis alors que nous approchons les caraïbes des deux cotes de la route les bananeraies s'étendent, puis des plantations de cocotiers, puis d'autres palmiers. Il faut croire que la United Fruit a encore quelques billes dans la place.

    Bref, Tela, grande ville caraïbe, trop près du Honduras hispanisant pour que l'on se sente dans un autre monde. Bien que nous soyons en basse saison l'infrastructure touristique est bien présente. Pas de doute, nous sommes dans une station balnéaire.

    Enfin, autour de nous il y a plusieurs villages Garifuna (ils sont maintenant plus de 100 000 au Honduras) que nous espérons visiter. Demain nous allons faire un délire écotouristique et visiter un parc naturel en kayak, ce sera sans doute intéressant.

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