• Le cœur de la nuit est brisé par la voix des chiens, ils s'interpellent, se répondent, s'excitent - leur aboiement sans cesse réverbérant comme d'une colline à l'autre de la ville. La cacophonie est parfois brièvement entrecoupée d'un silence, le temps d'une pensée, d'une respiration avant de reprendre à nouveau - aussi aigue et bruyante.

    C'est que cette ville est pleine de chiens, créatures bâtardes au pelage pelé, on les voit courir la nuit les rues, fuyants, presque courant de biais, le regard inquiet, les cotes saillantes. Ils s'arrêtent, nous regardent méfiants un instant avant de reprendre leur chemin plus près encore du mur.
    Mafou (le petit chien couturé de cicatrices) et Blackie (celui qui passe ses journées attachées derrière la maison) participent de la cacophonie poussant des hurlements dès que l'un de ces errants passe devant le portail. C'est l'appel du large. Et alors a chaque fois que je reviens à la maison une plainte angoissée se lève et Mafou essaye une fois de plus de s'échapper, aller rejoindre la meute qui rode...

    Les chiens seuls derrière les murs, chiens de garde, bêtes tristes en manque de tendresse rêvent la nuit de leurs congénères qui filent dans la nuit, libres d'aller au-delà du parallélépipède de cette morne cour.


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  • J'avais pensé intituler ce billet « Dazibao ! » mais à la réflexion je me suis dit que ces journaux sur une corde à linge n'étaient pas vraiment des dazibao, puisqu'ils n'étaient ni autoédités, ni particulièrement officieux, ni vraiment oppositionnels.

    Quoi qu'il en soit, le matin aux quatre coins de la ville les vendeurs de journaux posent les titres du jour au sol (lestés de petits cailloux) ou les accrochent à une corde à linge comme ici. Par petits groupes les passants s'arrêtent, lisent la une de feuille de chou après feuille de choux. Sans doute qu'ils commentent ce qu'ils lisent, peut-être achètent-ils même un numéro...

    La presse semble florissante, les titres sont nombreux - en français, en malgache : Le Midi, L'Express, Les Nouvelles, Gazety, Ngah, Taratra... Cependant, un journal coûte environ 400 Ar, l'équivalent Smic (que peu de personnes touchent) est d'environ 80 000 Ar par mois. Donc acheter le journal chaque jour est impossible pour les « smicards » même en y laissant l'ensemble de son salaire...

    Alors tous ces titres, qui les achète ? Qui les lit ?

    Tous ces titres, combien de tirages ?

    Tous ces titres comment vivent-ils ?

    Pour renflouer les caisses, des articles de certains de ces canards sont clairement des publireportages. Pour arrondir leurs maigres fins de mois certains journalistes demandent une commission lors de la rédaction d'un sujet.

    Dans ces conditions que signifie la liberté de la presse ?



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