• Faux Cap est la fausse pointe sud de l'île. C'est un village d'une trentaine de petites maisons en bambou et palme. L'école doit bien être en dur, ainsi qu'un ou deux bâtiments administratifs et les bungalows de l'hôtel Libertalia. Le village tourne le dos à la dune qui le protège de l'océan indien. La dalle de calcaire qui ailleurs rend la côte sud si inhospitalière ici coupe une petite lagune d'eau claire de l'océan lui-même. Dans ses anfractuosités se nichent des langoustes que les gens d'ici vendent aux collecteurs de passage : les plus grosses prendront l'avion à Fort Dauphin pour d'autres cieux ; les plus petites peuvent finir grillées dans l'assiète d'un des rares touristes étant arrivés jusque-là. Servies, par exemple au restaurant le Cactus de Faux Cap par la femme à droite sur la photo, en t-shirt Dolce et Gabanna chinois.

    Quand elle est rentrée dans la petite bâtisse au toit en palme ouverte sur l'océan indien dans laquelle nous attendions nos crustacés j'ai été surpris par son bonnet rouge et noir, surpris et excité, je l'ai fait remarquer aux gens qui partageaient ma table (le représentant de la coopération suisse était d'accord avec moi pour y trouver une ressemblance avec les bonnets des milices anarcho-syndicalistes de la Guerre d'Espagne, celui du département de l'Eure ne savait pas quoi penser et mes amis se montraient polis).

    Quand je l'ai questionnée sur le sujet elle m'a dit qu'un français lui avait donné ce chapeau-là et je suis resté mi-satisfait, encore étonné, me demandant ce qu'un français (et alors sans doute anar) pouvait faire dans ces parages avec un bonnet de milicien CNT-FAI...

    Quelque temps plus tard, la semaine dernière, j'ai accueilli chez moi un catalan voyageur, un de ces canapèlerins que j'héberge de temps à autre (car je suis moi-même canapèlerin, voir ici ). Nous discutons de choses et d'autres et finissons par glisser vers une conversation politique, l'ami est libertaire, vit dans une okupa et s'est investit dans diverses luttes dans son coin de l'État Espagnol. Alors, fort de cette complicité je lui montre la photo... La patronne du restaurant en rouge et la serveuse en t-shirt Dolce et Gabanna chinois avec le bonnet de milicienne sur la tête...

    Et là A. s'exclame dans un rire : « mais c'est Patricia et elle porte mon chapeau ! »

    Voir de ce côté A. et son chapeau sur les routes de Madagascar.



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  • Ces femmes antandroy chantent au son de leurs pieds frappant le sol.

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  • Une photo d'assez mauvaise qualité d'une frénétique danse antandroy au festival Rebeke 2008 de Tsihombe.

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  • Tsihombe. La petite ville étale ses maisons en bois ou en briques sur la rive gauche du Manambovo. Un grand tamarinier donne de l'ombre à la place de la mairie et une grande bâtisse avec des tours d'angle surveille le marche. D'étranges allées de baobabs mènent, l'une à une belle maison coloniale qui semble inhabitée, l'autre à la caserne de gendarmerie construite dans les murs d'un ancien fort (en pierre de taille, rythmés de meurtrières). La RN 10 traverse la ville, puis le Manambovo sur un pont duquel on voit une activité humaine intense dans le lit sablonneux de la rivière vidée : une myriade de trous creusés permettent d'obtenir une eau brunasse pour se laver, laver le linge, remplir les barriques bleues destinées à être vendues plus loin...

    Il faut six heures d'une route nationale parfois franchement mauvaise, parfois médiocre parfois encore piste bien carrossable pour arriver ici de Fort Dauphin et de l'aéroport le plus proche.

    Ce petit chef-lieu de district au fond de l'Androy accueil de temps à autre le festival Rebeke - festival des musiques du terroir, un superbe petit festival dédié aux musiques du sud de Madagascar et plus particulièrement à la musique antandroy. Voilà donc que la tribune des VIP du stade est aménage en scène et qu'une multitude des petits stands prennent place autour du terrain de football (un tas de petites gargotes où l'on mangera des brochettes en buvant bière et rhum et quelques stands des projets de développement). La journée le stade est presque vide, un groupe est sur scène, des techniciens tentent de faire les balances et un couple de femmes traverse le terrain avec chacune avec une canne à sucre... Plus tard un groupe de gamins taperont sur des tambours de différentes sortes fournis par l'Alliance Française, dans un coin une paire de chèvres attendent dans une charrette d'être menées quelque part par les deux bœufs qui ruminent encore sous le joug.

    La nuit une foule silencieuse, sérieuse, peu mouvante, peu dense entoure la scène - dans la « fosse » des bancs en bois accueillent les personnes importantes venues voir ce qu'il se passe dans ce coin reculé du pays. Les gens des environs sont là nombreux, ils écoutent la musique, regardent les danses, mais se tiennent immobiles enveloppés de ces paréos bariolés portant proverbes, maximes ou slogans ou de ces couvertures chinoises que l'on trouve sur les marchés si peu chères. Ils se tiennent immobiles et regardent l'air un peu perplexes ce qui se passe sur la scène si bien décorée. Une ou deux personnes dansent dans un coin, peut être ont ils plus bu pour se laisser aller comme cela à lever les pieds haut tenant la verge en bois qui rappelle symboliquement la sagaie tandroy.

    Dans la journée j'avais croisé cet homme revêtu d'une longue redingote portant des shorts et des tongs, son borsalino sur la tête, sa barbiche à la Malcom X parfaite. Le voilà maintenant sur la scène, il est accompagné de deux autres hommes, ils ont tous trois la dégaine des paysans du coin, je me souviens moins des deux autres, sans doute portaient-ils des vêtements chinois trouvés parmi les fripes du marché, je crois que l'un d'entre eux avait une casquette de baseball sur le crâne. Ils se tiennent très proches les uns des autres, chacun son micro, mais a cette distance peut être un seul micro aurait suffi. Pour mieux s'entendre ils portent leur main droite en coquillage sur l'oreille cherchant ainsi les deux autres voix. Et le chant s'élève : une plainte a capella rythmé de son contre-chant. Une plainte qui démarrée pourrait ne jamais s'arrêter... Et nous sommes médusés par ce chant qui s'enfonce dans la nuit.

    Je ne sais pas pourquoi mais cela me rappelle le gwerz breton, peut être est-ce simplement cette pose : la main en coquillage sur l'oreille, peut être est-ce aussi ce chant son contre-chant, cette mélopée que l'on sent ancienne et essentielle...

    Quelques informations sur ce festival sur :

    - Dailymotion

    et  

    - MySpace

     



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