• La crise continue et on se lasse de suivre les informations, les rebondissements, les retournements constants de la situation.

    Alors on essaye de se bricoler une vie normale entre les vagues.

    Voilà que je me lance dans l'exploration des douze collines sacrées de l'Imerina, ces chefs-lieux de petits royaumes que selon la légende Andrianampoinimerina a unifiés au 18e siècle. Douze collines dont la liste définitive ne semble pas établie, douze (et pourquoi douze ? Ce chiffre est un peu trop spécial pour être honnête !) collines disposées autour de la grande et riche plaine rizicole d'Antananarivo.

    Certaines sont très connues et souvent visitées comme celle au centre de cette ville - la colline d'Analamanaga, ou comme le palais d'été de la Reine à Ambohimanga, d'autres le sont moins, entre elles celles au pédigrée douteux - contesté...

    Je suis allé il y a deux semaines visiter le rova à Ambohidratrimo (c'est sur la route de Mahajanga juste après le rond point de Talatamaty). C'est une colline boisée qui se dresse aux bords d'une étendue marécageuse. J'y suis allé attiré par la mention d'une pierre femelle encore vénérée...

    La route qui y mène entoure la colline en la grimpant, elle rétrécit et son goudron vieillit au fur et à mesure qu'on approche du sommet. Le voici, une aire plate, bordée d'arbres, de jeunes couples, trois tombes surmontées de leurs chambres froides, marque de noblesse. Je ne vois nulle pierre femelle, je tourne autour de ce sommet, ici un couple est assis, elle la tête sur ses genoux à lui - il lui caresse le ventre amoureusement, là un autre regarde le paysage, la ville au loin entre les rizières et là-bas un groupe de jeunes joue de la guitare. Il y aussi un photographe, une guide, quelques vieux jouant au fanorona...

    A mon deuxième passage, après avoir regardé de loin dans les chambres froides (elles contiennent toutes trois des autels, lieux de sacrifices aux ancêtres ici présents) un des vieux arrête son jeu pour me demander si j'ai besoin d'un guide... Et soudain je la vois, elle est petite, sous la ligne de mon regard, au bord de la fondation d'une construction disparue - comme en faisant partie. La pierre femelle : un rectangle de granite d'un peu moins d'un mètre de haut avec deux seins saillants. La fente immédiatement à sa gauche est comme enduite, sans doute des offrandes de miel ou autres libations. La pierre a réputation de guérir de la stérilité...

    Et alors que je la regarde un groupe de jeunes filles s'approche, certaines se tiennent par la main elles causent entre elles à voix basse, des filles au tout début de la puberté qui s'arrêtent un instant et regardent la pierre femelle elles aussi, comme s'interrogeant, cherchant peut-être à percer le mystère qu'elle renferme - mystère qui est aussi le leur.



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