• Banlieue balkanique

     

    Je viens d’atterrir, le vol a été long, la place trop petite et la nuit peut être trop courte. Au radar je monte dans le premier RER à destination de Paris. Seul dans le wagon aux couleurs criardes des années 80 je me rends compte que c’est un direct pour la Gare du Nord, un de ces RER que les touristes et autres voyageurs bénissent mais que depuis le quai d’une gare de banlieue le commun des mortels maudit (j’ai été celui-là sur le quai de la gare du Blanc-Mesnil).

    Le train s’enfonce dans la banlieue, quittant peu à peu la verdure qui subsiste à Roissy, le grand périurbain, pour retrouver les usines abandonnées de la plus grande couronne. C’est là que mon voyage un peu méditatif (ou plus simplement endormi) est troublé par quelques notes d’accordéon, comme si on testait l’instrument. Je me vois déjà subir sur les kilomètres qui me restent la série supposément française des accordéonistes de métro… mais nulle exclamation joviale ne vient lancer la rengaine.

    Le train traverse un paysage de friche industrielle, de monumentaux graffs, et derrière-moi quelque part dans le wagon vide s’élève une complainte balkanique, une voix lancinante accompagnée par un accordéon morose, une mélodie simple. C’est beau.

    Je suis seul dans le wagon à part l’accordéoniste triste et je me rends compte qu’il ne joue pas pour moi, mais pour lui-même, peut-être par nostalgie. On passe de paysage décrépit en chantier de nouveaux quartiers d’affaires jusque à la Gare du Nord ou je descends, laissant l’accordéoniste et sa mélopée. Il ne m’aura rien demandé.

    J’imagine que c’était pour lui aussi une espèce d’intermède avant les heures de manche dans nos souterrains à jouer La vie en rose ou quelque autre morceau de ce que l’on s’imagine est notre folklore…


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