• En allant à cheval manger du cochon chez un ami nous avons vu une dizaine de singes Congo en conciliabule dans un arbre sans feuilles.

    Ce fût d'ailleurs une belle ballade, la vielle bête que je montais avait des envies de galoper, je la laissais faire en espérant qu'elle soit sure d'elle. Heureusement que le cheval savait où il posait les pieds car lorsque nous sommes arrivés au bout du voyage (une heure et demi de route) je me suis rendu compte que mes chaussures étaient coincées dans les étriers ! Nous nous sommes arrêtés à mi-chemin conseiller un paysan sur un captage de source, il faisait sécher du cacao et du café, un papillon bleu gros comme ma main voletait au dessus des graines.

    Au retour j'ai préféré monter sur le dos d'un camionnette que sur le cheval (si mon derrière avait été plus solide je serais remonté). Les paysages montagneux, touchés par la sécheresse de l'été sont couleur paille. Lors de la descente le jeu du soleil couchant sur nuages et montagnes était tellement beau que j'ai du murmurer quelques mots incompréhensibles pour mes collègues de voyage. Tout en délicates ombres et en chaudes couleurs.



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  • San Dionisio est un gros bourg près de Matagalpa dans une zone agricole. Sur les collines entourant le village on cultive du maïs et des haricots noirs, certaines parcelles sont réservées au pâturage, des grosses vaches brahmanes broutent l'herbe ou se baladent de façon nonchalante le long des routes. Les routes sont mauvaises et les véhicules peu nombreux, la plu part des paysans se déplacent soit à pied, soit à cheval. Le village est plus structuré que Rio Blanco, en damier, la plupart des maisons sont en dur, les toits sont même parfois en tuiles. J'ai passé un moment assis sur le pas de la porte regardant la rue. Une petite place se trouve sur la gauche, un grand arbre y pousse et à cette heure plusieurs hommes y sont regroupés. Des gamins leur cirent les chaussures, d'autres jouent et se bousculent sur la place. Soudain une jeune femme arrive au galop sur un cheval, elle porte un short très court et son haut sans manches est taché de sueur. Elle traverse la place à toute allure, un des jeunes sur la place saute sur son cheval et la poursuit sur la piste qui monte vers l'une des sorties du village. Elle traversera la place plusieurs fois, venant de directions différentes, comme folle. J'imagine les quolibets des hommes sur la place. J'entends ceux de la vieille à coté de laquelle je suis assis : "du temps de Somoza ont l'aurait vite arrêté celle-là" ou "elle est soûle"...

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  • Je suis parti dans la jungle avec quatorze autres gars. Nous avons monté vers les sommets du mont Musun. Nous avancions en file indienne, les premier gars ouvrait les chemin à coups de machette, le second l'élargissait, les autres suivaient. De temps en temps nous nous comptions, le premier criait « un ! » suivit des autres jusqu'au « quinzième et dernier ! ». Je ne voyais la plu part du temps que les godillots du bonhomme devant moi. Parfois je le perdais et j'ai failli les perdre.

    Parfois, la jungle est dense au point de ne presque pas pouvoir avancer. Parfois la hauteur des arbres et le manque de lumière au sol nous laisse plus de place pour marcher. Parfois encore nous suivons les traces d'un tapir, il a déjà fait le nettoyage du chemin, nous avançons plus rapidement.

    Vers trois heures de l'après-midi nous nous arrêtons. Il faut de l'eau et un terrain plat pour que nous nous arrêtions. On déblaye le terrain et on monte les tentes (de la toile de plastique soutenue par de la corde ou du bois). La cuisine commence, pour allumer le feu nous utilisons du kérosène, technique bourinne mais efficace. C'est du riz, on ajoute des conserves, on fait du café, on chauffe de l'eau et on y mélange du maïs avec du cacao.

    Dans les hauteurs il fait bien froid, sous la tente en plastique, dans mes habits les plus chauds et au fond de mon sac de couchage, je grelottais.

    Mais, c'est beau, c'est vert, d'un coup les arbres rabougrissent sous l'effet du vent et on voit au loin quelque volcan éteint, un bout d'une rivière, une route ocre, des petites maisons en bambou. On s'enfonce de nouveau dans la verdure, les deux chefs de file ouvrant le chemin au machette, les treize autres gonzes avançant comme ils peuvent dans la végétation coupée. Je passe sous une bûche pourrie, mon T-shirt se remplit de bois humide, je me prends les pieds dans une liane lors d'une descente boueuse, mes grolles se remplissent d'eau au passage d'un gué.



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  • L'avortement thérapeutique, c'est à dire l'avortement quand la vie de la femme enceinte est menacée par sa grossesse, était la seule forme d'avortement légale au Nicaragua. Plutôt, le code pénal dépénalisait cette forme d'avortement parmi les autres.

    Le parlement nicaraguayen a voté, dans le cadre d'une réforme du code pénal, sa pénalisation... Voilà qu'au nom du "droit à la vie" on mets en danger la vie des femmes !

    Le plus triste dans cette histoire de régression du droit des femmes est le fait que le FSLN, parti qui dans le temps soutenait (au moins sur papier) ce droit, par souci de rapprochement avec l'Eglise Catholique, a appellé ses députés à voter la pénalisation ! Ce parti avait déjà triste mine, autant dire qu'il est maintenant bon à enterrer, même si Ortega gagne les élections du 5 novembre prochain.

     

     


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  • La fanfare du Lycée de Rio Blanco vient de gagner le concours de fanfares de la région. L'information court, rapide, et les gens se réunissent dès six heures sur la place. Il pleut, une pluie tropicale, continue. Nous décidons de descendre voir l'arrivée des vainqueurs, nous descendons dans la nuit sous la pluie et le bruit se fait entendre à une centaine de mètres de l'église catholique. Ils sont là, dans la rue principale, habillé-e-s de blanc, fanfare et majorettes. Un générateur ronronne sur une camionnette, et deux gros hauts parleurs crachent le speech d'un DJ. La fanfare se met à jouer, les majorettes à se remuer. Il pleut encore, les flaques et la boue de la rue sont des obstacles au pas des danseuses et les chorégraphies s'y perdent. Des deux cotés de la rue les gens se laissent mouiller en regardant le spectacle.

    Grandes bottes blanches, minijupe à frous-frous, chapeau phallique en bonnet de pâtissier, la cheftaine des majorettes fait tournoyer une massue.



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