• A bloc. Je reviens à bloc. Débordant d'énergie !

    Elle était sur scène les yeux légèrement voilés, l'air parfois ailleurs et pourtant - là.

    Un peu titubante ? Peut être. Parfois aux gestes mal assurés ? C'est possible.

    Elle touchait le micro de ses doigts pour y trouver la mesure, la bonne distance où se tenir.

    Mais elle présente, entière dans cette petite salle. Se livrant sans retenue.

    L'essence même gitane dans la posture, quelque chose d'une prêtresse candomblé dans larges vêtements blancs, dans la transe. Comme si elle devenait le conduit pour l'expression d'une chose profonde, mystérieuse, puissante.

    La puissance même. Le chant sans entraves. Un voix qui tout balaye et derrière la tristesse, la nostalgie et les amours perdus une immense joie de vivre partagée.

    J'en sors à bloc, laissant mes histoires de voyages géographiques pour ces quelques lignes d'un voyage musical...

    Et je ferais mien ce refrain :
    « jodido pero contento
    dolido pero despierto
    con miedo pero con fuerza
    Yo voy con miedo pero con fuerza »

    (au masculin, pour moi...)



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  • Il y a presque sept ans une amie venait me rendre visite au fin fond du Nicaragua où je travaillais. Nous nous connaissions depuis le milieu des années 90 et nous avions traîné dans les mêmes cercles politiques. Après une relation épistolaire longue, voilà qu'elle décidait de profiter de ma présence en Amérique Centrale pour visiter au moins le grand petit pays dans le quel je me trouvais.

    Ce fût le début d'une histoire.

    Nous nous sommes vus par intermittence un moment et elle est revenue pour que nous lancions dans le voyage mésoaméricain qui ouvre les pages de ce blog.

    L'histoire c'est enracinée dans Paris, elle a vécu, comme de nombreuses histoires, des hauts et des bas. Elle a connu ses moments de doute, de peur, d'incompréhension mais aussi de magie, d'émerveillement, de simple tendresse partagée. Elle a payé son tribut au quotidien. Peut être était-elle bancale dès le début ? Je m'efforçais, nous nous efforcions, à la faire vivre, à la faire grandir. Elle portait quelques germes de son futur que nous n'évoquions sans doute pas assez pour en être réellement conscients.

    Cette histoire-là est morte hier : l'Amie m'a quitté, elle ne trouvait plus en elle d'amour pour moi.

    Il n'y a rien à dire, rien à faire, l'argument est imparable et aucun effort ne pourra faire naître a nouveau ce qui n'est plus.

    Ce matin je me lève avec le vide dans le ventre et le futur soudain couvert d'une brume opaque...


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  • C'est une histoire parisienne, il faut aussi que je parle de cette ville dans laquelle je vis quand je ne suis pas sur les routes. Elle a ses recoins et ses surprises.

    La scène se passe dans un troquet du 18e arrondissement. C'est un bar tenu par des kabyles, un de ces bars pour habitués devant lesquels on passe sans généralement s'y arrêter. Sans cet ami anglais qui nous y a donné rendez-vous nous n'y serions sans doute jamais entré. C'est un endroit, comme il y en a quelques uns aujourd'hui, où l'on peut manger un couscous gratuit le vendredi soir.

    On sent le bar pour habitués en mutation : une exposition de belles photos assez abstraites entoure les portraits habituels de l'antique royauté berbère ; deux sièges en rotin encadrent une table basse (l'un d'entre eux est tout droit sorti d'Emmanuelle). Comme si l'on cherchait a rendre le lieu plus attrayant.

    Nous nous installons, buvons nos bières en conversant sur des choses et d'autres, espérant que le couscous gratuit arrivera. Les clients ne sont pas nombreux, à les voir on se demande s'il s'agit de clients ou plutôt de famille ou d'amis du patron. Ils s'installent à une table ronde et le cuistot sert des assiettes de haricots blancs et un plat de pieds de veau. Nous sommes invités à les joindre, il n'y aura pas de couscous ce soir.

    Et ceci n'est que préambule, car le repas finissant, le barman se lève de table se rend à la porte. Un petit enfant asiatique traverse en courant comme il peut (car il est bien petit) le passage piéton et se jette dans les bras du kabyle. Sa mère suit d'un peu plus loin. Voilà le gamin assis sur le bar, puis se baladant entre les tables, passant derrière le zinc, posant son regard curieux sur les convives. Le voilà assis sur les genoux du barman, confiant et tranquille. Ce môme et sa famille passent par là, souvent et tous le connaissent depuis qu'il est encore plus petit.

    Le père arrive, un chinois jeune, en débardeur, jean remonté sur les chevilles, tongues, mordant une cigarette qu'il fume les yeux mis fermés. La mère est debout, le père assis sur l'un des fauteuils en rotin, ils regardent leur enfant assis à une tablée de kabyles qui cherchent à le faire sourire. Une conversation impossible se noue entre la tablée et la petite famille chinoise, pas encore francophone...

    C'est'l'Paris.

    Celui qui existe encore, une croisée de mondes, le lent tissage des solidarités, un gamin chinois sur les genoux d'un barman kabyle...



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