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  • Le Mexique est devenu assez cher, nous cherchons la limiter les dégâts en faisant du stop avec un succès plus ou moins sûr. De Tulum en un tir nous arrivons à Coba, un village Maya entre la garrigue yucateque et une série de lagunes. Quelques maisons ont une forme ovale, les murs de branches et de torchis blanchis à la chaux, une seule porte et un haut toit en palme. Les proportions de ces maisons sont presque un tiers de maison et deux tiers toit : comme les temples de Tikal. Ce sont des maisons dont l'architecture n'a sans doute pas change en mil ans. Les femmes portent de longs huipils blancs au col brodé de grosses fleurs.

    Coba est à cote d'un site Maya ancien étalé sur 7 kilomètres de chemin dans le maquis. Entre les groupes de temples d'époques diverses nous croisons de très beaux oiseaux, un trogon jaune et noir, et peut être deux espèces de motmot vert métallique et turquoise. L'hôtel dans le quel on dort a un étrange restaurant, le jour, quant les bus touristiques débarquent une carte est présente, le soir, quant il n'y a plus que les locaux ou les clients de l'hôtel, c'est une autre carte, avec des prix un tiers moins chers...

    Puis, encore en stop, nous débarquons à Valladolid. C'est une belle ville coloniale, des rues à points de fuite en couleur pastel. Beaucoup de femmes en longs huipils blancs s'y baladent. Nous regardons des bus et des bus de touristes s'arrêter puis repartir depuis la place centrale.

    C'est de Valladolid que nous visitons Chitchen Itza, la partie la plus connue de ce site a une architecture assez brutale, couverte de bas reliefs sanglants : décapitations, animaux mangeant des coeurs humains, crânes entasses... C'est la partie la plus récente, bâtie par les mayas-toltèques, très militaristes. La partie la plus vielle, en style Puuc, avec des mosaïques en pierre de monstres de l'inframonde leurs nez grotesques émergeant des coins des bâtiments, est plus belle.

    Toute la péninsule du Yucatan est une plaque de calcaire, pleine de trous : un karst. La présence d'eau dans le sous sol accélère la dissolution du calcaire et certaines grottes s'agrandissent, deviennent d'abord des cavernes cylindriques au fond plein d'eau, quand le toit de ces cavernes s'effondre ce sont des cenotes : "dzonot". C'est dans ces lieux que les mayas yucateques cherchaient leur eau pendant la saison sèche. Nous en avons visité deux prés de Valladolid, a cote du village de Dzitnup. Dans le deuxième, après avoir descendu par un boyau étroit nous voila bouche bées devant une immense salle cylindrique, la lumière rentre par une partie effondrée du toit et éclaire une énorme masse d'eau turquoise. Par cette même ouverture, une cascade de racines, un liquide soudain fige, cherche a trouver l'eau.

    Pour aller à Mérida nous prenons un bus qui traverse pleins de villages dans lesquels en rétrospectives nous aurions pu et du nous arrêter. Comme Izamal, avec des temples mayas dans une trame urbaine coloniale aux bâtiments systématiquement jaune d'oeuf. Le couvent est de ce village est lui même construit sur une pyramide...

    Mérida est la première ville que je retrouve après prés de six ans. Les choses ne sont pas exactement là où ma mémoire les avait laissées - ici aussi - comme ce magasin de hamacs qui semble avoir changé de trottoir ! Le zocalo me parait moins être une cour des miracles (je me souviens de cet enfant tzeltal avec un sweat Pocahontas qui s'endormait sur notre table appuyé sur un fagot de bracelets dits brésiliens). La chasse aux touristes est quand même ouverte et si on ne s'éloigne pas de cette place on risque fort l'arnaque...

    Une étrange ville... Les rues sont noires de monde, il y a des grands magasins, des cinémas, des bonnes librairies, des hôtels hors de prix. Les bâtiments passent du moderne, au porfirien (architecture style belle époque), au colonial, il y a des bâtiments abandonnés, tout cela se côtoie de manière chaotique. Au détour d'une rue nous arrivons dans le quartier du marché, plus grand, plus bordélique que ceux que nous avons vu ailleurs en Amérique Centrale. Nous faillissions nous y perdre, de joailliers nous passons au quartier boucherie et sans trop savoir comment nous passons a un secteur de vente de verdure veillée par la vierge de Guadalupe.



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  • Hier soir l'électricité nous a encore faussé compagnie. J'aime ces aléas. La lueur de la bougie qui vacille, le silence après le bruit incessant des téléviseurs et autres moyens de communication, dehors la lune éclaire la rue. Elle est à moitié pleine et quelques étoiles se voient bien. Le paysage est en noir et blanc, on devine quelquefois les silhouettes de rares passants et passantes. J'ai éteint la bougie vacillante, je me tiens sur le pas de ma porte et je regarde les nuages courir dans le ciel. Ils dévalent le mont Musun à une telle vitesse que l'on sent que la lune va être avalé d'un moment à un autre et que nous allons être plongés dans l'obscurité totale.

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  • Je suis loin de Chetumal, cette ville est déjà entrée dans les brumes de la mémoire. La mémoire me joue de drôles de tours alors que je déambule dans le rues de San Cristobal, la nostalgie est à chaque coin. Je me souviens des lieux mais voilà qu'ils me surprennent à se trouver ailleurs, tel patio avec une belle librairie se trouve deux ou trois cuadras du lieu ou je m'attendais à le croiser...

    Enfin, revenons à la chaleur de Chetumal et ses rues trop larges où s'engouffre la lumière des caraïbes. Apres l'Atlantique Nicaraguayen, Tela, Dangriga et Tobacco Cay nous semblons continuer dans la quête, foireuse, du parfait paradis caribéen en débarquant à Majahual après trois heures de bus dans un paysage aussi statique qu'un tableau (une route droite comme un lancer de pierre à travers un insondable maquis tropical).

    Majahual est un ancien village de pécheurs étiré sur trois kilomètres, nous nous logeons dans des cabanes dont la particularité est la lumière obligatoire de 18h30 a 21h00 - nous n'avons pas d'interrupteur... Si la mer a bien la bonne teinte de bleu, le sable est bien blanc et les palmiers se présentent comme il doit, les croiseurs qui viennent mouiller au quai prévu à cet effet font figure d'immeubles d'HLM mouvants aussi effrayants à nos yeux que les premières caravelles ont du paraître aux mayas de ces cotes. Peu de temps après le mouillage du ventre des monstres se déversent des flots humains, et des bandes d'etatsuniens à bicyclette, en kayak et à pied traversent alors le village de long en large parlant de leur boulot, de leur villes ou du restaurant laissé derrière eux.

    Nous essayons d'atteindre la barrière de corail, elle est trop loin. Sur le chemin, pourtant, dans la mouvante luminosité sous-marine surgissent les formes étranges de globes et flammes de corail et encore quelques poissons multicolores. Le silence, les formes mystérieuses, la lumière trouble, tout cela fomente la peur de ce qui s'y cache...

    La route encore, au prochain candidat de paradis tropical, Tulum, les couleurs sont toutes les bonnes, mais les villages de cabanes yucateques sur le bord de mer sont tous habités par des toubabs. Nous dormons dans une cabane de bouts de bois mal fagotés sous un toit en paille. Nous la louons avec un autre couple français et je passe la nuit dans un hamac trop petit, vêtu de la tête aux pieds pour combattre la vague de froid qui balaye le Yucatan. Au même moment, dans une cabine voisine dormait Chris Longo, fou des USA ayant buté sa femme et ses enfants. Entre les dix criminels les plus recherches des EU, il sera arrêté par la police mexicaine à Tulum une semaine plus tard... Il y aurait une nouvelle noire a écrire sur ce bonhomme se croyant planqué entre mil ricains et européens !

    En allant à Tulum nous avons traverse une ville au nom d'un politique mexicain des années vingt. Ce n'est que plus tard que j'ai su que cette ville s'appelait avant Chan Santa Cruz et qu'elle a été la capitale d'une sorte d'état Maya pendant la Guerre des Castes. Cette insurrection Maya commença en 1847 et fut à deux doigts de virer les blancs de la péninsule du Yucatan. Alors que les paysans insurgés assiégeaient Mérida est venu la "siembra" et tous sont repartis planter le maïs dans leurs milpa. La rébellion ne sera complètement enrayée qu'en 1901 quand l'armée de Porfirio Diaz prend Chan Santa Cruz...



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