• Retour à Bratislava (Tokyo mai 2001)


    J'ai visité Bratislava en juillet 1992, et cette ville reste pour moi encore aujourd'hui synonyme de laideur. La vieille ville est coupée en deux par une énorme bretelle d'autoroute, son château fort exilé comme une île de l'autre coté de la voie. La vue depuis l'esplanade est sur une mer d'HLM qui s'étend a l'infini sur l'autre bord du Danube. L'étendue de boîtes d'allumettes gris béton équilibrées sur leur tranche avait quelque chose d'effrayant.

    La laideur de Tokyo, surprenante, rappelle la mythique capitale slovaque, d'où ce titre improbable. Comme dans les mangas modernes c'est un enchevêtrement non planifié de bâtiments de toute taille, partout j'ai l'impression d'être en banlieue, d'être dans une immense ville nouvelle, une infinie périphérie sans centre. Une série sinistre d'HLM se suit A 1, A 2, A 3 ainsi jusqu'à A 40. C'est ici, aux confins de l'Asie, que le socialisme réel survit, le bateau amiral du capitalisme est bien plus proche que ne le croit des anciennes démocraties populaires d'Europe Orientale, d'où encore le titre. Le Père n'est pas l'Etat, c'est l'Entreprise mais le résultat est le même.

    C'est sûr, tout cela s'explique un peu par l'histoire : la ville à subie tremblements de terre et bombardements au phosphore, ça laisse des traces. Mais je pense aussi que les japonais sont dans un étrange trip absolument moderne et tout à fait traditionnel : ils font table rase du passé.

    Il faut chercher la beauté dans les interstices, dans l'inattendu, dans un petit salon de thé dans une ruelle de Harajuku, dans un chat sous la pluie entre des fleurs du jardin Sankei En de Yokohama. Ou dans une petite bonne femme en kimono qui traverse la rue avec les salary men en costard, une moine qui mendie devant un centre commercial, un sumotori en habit traditionnel qui attend le métro. Des jeunes à la tronche alterno lâchent de la menue monnaie devant un temple, se tapent deux fois dans les mains et prient...



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