• Tikal et le Belize (lettre du 8 janvier 2002)


    Apres quelques embrouilles d'agence de voyage (il y a décidément plusieurs requins dans les eaux tranquilles du lac Atitlan) nous partons pour la traversée de nuit du Guatemala. Nous arrivons presque plus morts que vifs à Flores, capitale du Petén.

    Flores est aussi couverte de touristes, d'hôtels à touristes, de bars à touristes, de magasins à touristes, de tours pour touristes... La vieille ville est un petit labyrinthe de ruelles sur une île au bord du Lac Petenitza. Une route mène à la rive où la nouvelle ville croit. Assis un moment sur le bord du lac nous regardons passer les mangrove swallows, d'un vert métallisé presque imperceptible. Puis le soleil se couche, jaune, orange, rouge, les bleus de plus en plus violets.

    C'est de là que nous partons pour Tikal. Dans la jungle, les temples avec leurs longues et massives crêtes surgissent, montagnes de pierre. La jungle est bien vivante, des l'entrée du parc je vois un petit toucan (colared araçari), dans la journée nous verrons des singes araignes, des coatis, des dindes sauvages (ocelated turkey), des pics-verts, des perroquets, une mygale, nous entendons au loin les cris des singes hurleurs. La journée est crevante, nous avons parcouru 10 Km dans la jungle pour essayer de voir un maximum de temples, en fait, ce n'est pas la bonne stratégie et arrivés sur la grande place, là où deux magnifiques temples se font face (les plus célèbres du lieu) nous sommes saturés...

    Nous entrons au Belize par Melchor de Mencos, première surprise, la sortie de la douane est comme celle du Royaume Uni, carré vert : "nothing to declare", octogone rouge : "something to declare". Deuxième surprise : l'effigie de la reine sur les pièces de dollar du Belize. Le Belize est encore partie du Commonwealth, c'était le British Honduras jusqu'en 1981 (le gouvernement guatémaltèque lorgne sur ce petit pays et malgré les arrêtés de la cour internationale de justice de La Haye les cartes officielles du Guatemala représentent le Belize comme une région)...

    Drôle de mosaïque que ce pays, un peu plus de la moitie de la population est créole, venue de la Jamaïque, un peu plus de 10 pourcent est garifuna, arrivée en 1832 après avoir soutenu le mauvais parti lors d'une guerre civile au Honduras, un peu plus de 10 pourcent est maya Kekchi ou Mopan, ici depuis au moins 3000 ans, le reste est un mélange de chinois (la plupart de restaurants et des commerces de proximité sont tenus par eux), d'indiens (il y a deux restaurants indiens à San Ignacio et dans l'un c'est la télévision d'Inde que l'on peut y voir), de mestizos hispanophones, de palestiniens, de libanais, d'européens... De fait les deux langues officielles sont l'espagnol et l'anglais et le Premier Ministre s'appelle Saïd Musa.

    Les paysages du sud du pays (en allant de Belmopan, modeste version de Brasilia n'ayant pas vraiment décollé, à Dangriga, capitale du pays garifuna) est couvert de montagnes et de jungle, sur les rebords de la route, dans chaque vallée des plantations d'agrumes s'entendent à perte de vue : elles travaillent pour l'entreprise DelOro, le Belize serait-il une future République Orangère ?

    Le nord est plat comme une feuille de papier et souvent des deux cotes de la route s'entendent de vastes marécages. Vers Orange Walk l'industrie de la canne à sucre devient prédominante, comme nous y passons en pleine zafra, les routes sont remplies de camions surcharges de canne brûlée.

    Le pays est très cher compare à ses voisins, des prix remarquablement proche de ceux d'Europe. Comme il y a beaucoup de grandes réserves naturelles bien réputées et que le pays n'a pas un passe guerrier de nombreux touristes y viennent. Ce sont surtout des gens plus âgés que nous, parfois avec leur famille, souvent pour des séjours courts, une autre faune que celle avec la quelle nous nous étions habitues à voyager...

    San Ignacio : de nouveau l'architecture caraïbe, les maisons surélevées en bois, parfois rendues bancales par l'age. Nous traversons une rivière dans un bac manuel, sur des troncs sur le bord de la rivière d'énormes iguanes jaunes et noirs se prélassent au soleil.

    Dangriga : une longue rue poussiéreuse qui longe la mer, des rastafaris nous dépassent à vélo un signe de main ou de tête pour dire bonjour. Dans une boutique, outre les posters de Halie Selassie, deux billets éthiopiens de l'époque impériale sont affichés derrière le comptoir. La nuit du premier de l'an nous entendons au loin les tambours Garifuna mais nous, nous les cherchons pas, nous sommes trop fatigués.

    Tobacco Cay : dans la mer caraïbe un îlot plus petit qu'un stade de football, dessus six hotelitos et leurs cabanes, autour le récif de corail sévèrement endommage par Mitch. Cependant entre les quelques coraux encore vivants nous voyons une myriade de beaux poissons, un barracuda patibulaire, des turbots hideux et un poisson scorpion que je fuis. La nuit tombée à la lampe de poche je repère un beau poulpe quasiment fluorescent sous la lumière. Bien sur des magnificient frigate birds font d'incroyables acrobaties aériennes pour se voler mutuellement des poissons et des pélicans débonnaires et décoiffés cherchent leur pitance, étrangement un petit héron nocturne (yellow-crowned night heron) regarde tout cela depuis son rocher.

    Le retour à Dangriga est mouvementé, un front froid est entré et la mer est vive, le hors-bord en fibre de verre tangue dans tout les sens, nous arrivons cependant à bon port, mouillés mais pas beaucoup pire (une anglaise faisant la traversée un peu plus tard est tombée à l'eau avec le capitaine du navire, heureusement ils ont été repêchés...).

    Belize City : comme Bluefields en plus grand, avec plus d'architecture bourgeoise, le magnifique palais de justice en bois par exemple. Quelques jeunes reprennent des looks de crips ou de bloods de LA, ils n'ont pas l'air commodes (un ukrainien de notre hôtel se fait piquer ses groles, une conversation en ruse en découle avec des tchèques qui lui offrent une pair qu'ils avaient en rab...).

    Nous passons notre dernière nuit à Crooked Tree, un petit village au milieu d'une réserve d'oiseaux. Notre hôtel ressemble à un safari lodge, les trois autres couples présents nous doublent au moins en age, ils sont tous fadas d'oiseaux, en parlent beaucoup. Le lieu en vaut la peine, malgré le voyage en stop dans la chaleur tropicale que nous avons du faire pour y arriver. En deux jours nous identifions une vingtaine d'espèces (dont 9 que je n'avais jamais vu, le vermilion flycatcher, par exemple, un petit oiseau rouge vif). Trop d'piaf !

    Restop, rebus, frontière et arrivée au Mexique.

    Nous sommes aujourd'hui à Chetumal, ville aux larges avenues, pas particulièrement belle mais avec une certaine luminosité caraïbe, un certain calme (contrairement au Nica, Chetumal avait encore l'air vide et fermée à 9 heures du mat'). D'ici nous ne savons pas trop encore ou aller mais nous partons aujourd'hui, vers la mer ? Vers l'intérieur des terres ?



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