• C'est comme si un univers parallèle devait soudainement accessible ici à Antananarivo, un univers dans lequel l'UE s'appellerait l'Union des Républiques socialistes européennes, l'Urse... Des autocollants comme celui sur ce taxi 4L j'en vois depuis que je suis ici, pensant d'abord à la blague potache, puis à l'hallucination et maintenant aux univers parallèles : un simple autocollant de voiture, un F surmonté du drapeau français et sur le drapeau européen, mais un drapeau européen mutant - douze étoiles jaunes sur fond rouge ! Le drapeau de l'Urse...

    Plus prosaïquement c'est sans doute un stock d'autocollants foirés (le rouge et le bleu invertis sur un tirage en trichromie ou un truc de ce goût là...) qui a atterri ici et qui décore maintenant mainte taxi be, taxi ou voiture de particulier, véhicules de gens qui rêvaient d'avoir un F même s'il surmonte le drapeau d'un organisation inexistante dans cet univers !

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  • Maintenant que je suis motorisé je marche moins dans cette ville surréelle. Les deux dernières semaines pourtant, au retour d'une ballade au centre, j'ai repris la ruelle qui traverse une partie de mon quartier. Cette ruelle bordée d'étals où certains vendent des fripes (peut-être généreusement données en Europe), certains des téléphones d'occasion, certains des légumes, ou des poissons séchés ; cette ruelle logeant un infâme égout à ciel ouvert, traversant la place où se vend le charbon de bois qui permet de cuire la majorité des repas du quartier, où s'affairent parfois des forgerons en plein air (comme ceux-ci) à la fabrication d'outils divers.

    C'est un chemin que j'ai fréquenté souvent et le voilà pourtant qui me surprend de nouveau, comme à chaque fois !

    Dans le renfoncement carrelé d'une gargote de standing un type joue une espèce de balalaïka malgache, devant lui un marmot d'environ cinq ans aux habits usés portant une calotte tressée en matière végétale danse une petite jigue. Rien de la scène me permet penser qu'il font cela pour mendier, cela ressemble bien plus à un moment de détente, d'amusement.

    Un peu plus loin une improbable partie de Bingo se joue sur des caisses de bière retournées, sur des cartons d'emballage, sur un bout d'étal dans la journée finissante et le marché déclinant. Je croyais ce jeu réservé aux grand-mères anglaises voilà pourtant une dizaine de personnes dans ce quartier populaire de Tana posant soigneusement leurs jetons sur les cases qu'un crieur annonce.

    Et à peine à cent mètres de là une poignée d'hommes suivent l'affrontement de deux coqs de combat au bord même de la rue. Les coqs se mesurent, se défient, font des bonds, attaquent. L'ambiance ne m'a pas parue excitée du tout, l'assemblée regardant les coqs s'écharper avec un air blasé (peut-être de connaisseurs)...

    Et j'arrive au carrefour avec la route goudronnée qui mène à l'hôpital militaire et chez moi... La ruelle est finie, la vie sur ce bout de goudron est intéressante - mais moins surprenante !



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