• Chetumal à Tulum (lettre du 26 janvier 2002)


    Je suis loin de Chetumal, cette ville est déjà entrée dans les brumes de la mémoire. La mémoire me joue de drôles de tours alors que je déambule dans le rues de San Cristobal, la nostalgie est à chaque coin. Je me souviens des lieux mais voilà qu'ils me surprennent à se trouver ailleurs, tel patio avec une belle librairie se trouve deux ou trois cuadras du lieu ou je m'attendais à le croiser...

    Enfin, revenons à la chaleur de Chetumal et ses rues trop larges où s'engouffre la lumière des caraïbes. Apres l'Atlantique Nicaraguayen, Tela, Dangriga et Tobacco Cay nous semblons continuer dans la quête, foireuse, du parfait paradis caribéen en débarquant à Majahual après trois heures de bus dans un paysage aussi statique qu'un tableau (une route droite comme un lancer de pierre à travers un insondable maquis tropical).

    Majahual est un ancien village de pécheurs étiré sur trois kilomètres, nous nous logeons dans des cabanes dont la particularité est la lumière obligatoire de 18h30 a 21h00 - nous n'avons pas d'interrupteur... Si la mer a bien la bonne teinte de bleu, le sable est bien blanc et les palmiers se présentent comme il doit, les croiseurs qui viennent mouiller au quai prévu à cet effet font figure d'immeubles d'HLM mouvants aussi effrayants à nos yeux que les premières caravelles ont du paraître aux mayas de ces cotes. Peu de temps après le mouillage du ventre des monstres se déversent des flots humains, et des bandes d'etatsuniens à bicyclette, en kayak et à pied traversent alors le village de long en large parlant de leur boulot, de leur villes ou du restaurant laissé derrière eux.

    Nous essayons d'atteindre la barrière de corail, elle est trop loin. Sur le chemin, pourtant, dans la mouvante luminosité sous-marine surgissent les formes étranges de globes et flammes de corail et encore quelques poissons multicolores. Le silence, les formes mystérieuses, la lumière trouble, tout cela fomente la peur de ce qui s'y cache...

    La route encore, au prochain candidat de paradis tropical, Tulum, les couleurs sont toutes les bonnes, mais les villages de cabanes yucateques sur le bord de mer sont tous habités par des toubabs. Nous dormons dans une cabane de bouts de bois mal fagotés sous un toit en paille. Nous la louons avec un autre couple français et je passe la nuit dans un hamac trop petit, vêtu de la tête aux pieds pour combattre la vague de froid qui balaye le Yucatan. Au même moment, dans une cabine voisine dormait Chris Longo, fou des USA ayant buté sa femme et ses enfants. Entre les dix criminels les plus recherches des EU, il sera arrêté par la police mexicaine à Tulum une semaine plus tard... Il y aurait une nouvelle noire a écrire sur ce bonhomme se croyant planqué entre mil ricains et européens !

    En allant à Tulum nous avons traverse une ville au nom d'un politique mexicain des années vingt. Ce n'est que plus tard que j'ai su que cette ville s'appelait avant Chan Santa Cruz et qu'elle a été la capitale d'une sorte d'état Maya pendant la Guerre des Castes. Cette insurrection Maya commença en 1847 et fut à deux doigts de virer les blancs de la péninsule du Yucatan. Alors que les paysans insurgés assiégeaient Mérida est venu la "siembra" et tous sont repartis planter le maïs dans leurs milpa. La rébellion ne sera complètement enrayée qu'en 1901 quand l'armée de Porfirio Diaz prend Chan Santa Cruz...



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