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Interstices
C'est une cahutte en bois avec un toit en tôles rafistolées qui doivent être maintenues en place par des pierres ou peut-être un vieux pneu - comme dans les bidonvilles de dessin animé. Quelques plantes un peu décoratives vivotent dans un enclos bricolé sur le côté gauche de la porte.
Un jour passant devant cette baraque comme cela m'arrive souvent (elle se trouve sur l'un des chemins de retour de la ville) j'ai vu par l'embrasure de la porte ouverte que l'intérieur était décoré de quelques images tirées de journaux ou magazines punaisées au murs.
Une famille vit ici et s'y construit un avenir. Au fur et a mesure des années la bicoque a été améliorée, des plantes plantées, la décoration trouvée et punaisée. Jour après jour des gens y vivent, y font des projets, imaginent l'après.
Mais voilà que la société qui gère la collecte des déchets solides de la ville a changé l'emplacement des bennes à ordures et la vie de ces gens est changée, voire menacée...
C'est qu'ils vivaient, comme plusieurs comme eux dans cette ville chaotique du tri des ordures jetées dans ces bennes. Ils récupéraient fer, plastique dur, ce qui peut se vendre et ce qui peut se réutiliser, comme des petits morceaux de charbon de bois ou des récipients vides - tout ce qui a de la valeur parmi ce que le voisinage choisit de jeter.
Le déplacement de la benne, acte anodin décidée par un quelconque agent communal bouleverse leur quotidien.
En pensant pour écrire ce billet à toutes ces familles vivant dans l'interstice, dont la vie et la demeure est adossée aux bennes a ordures, en pensant plus particulièrement aux maigres et kitsch décorations qu'ils utilisent pour embellir ces lieux qui nous semblent si répugnants j'ai repensé au slogan que ces ouvrières du textile américaines auraient lancé au tournant du siècle dernier : bread, and roses too
On ne vit pas que pour le pain.
Tags : déchets, antananarivo, bread and roses, interstices
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