• La folle de Soavimbahoaka


    Folle ? Peut-être pas, enfin, qui sait ?

    Elle était là, sans domicile, seule dans ses cinquante ou soixante ans, assise sur le rebord maçonné d'un caniveau profond. A son dos, le domaine de l'Église catholique, devant elle, la pente raide et pavée qui descend vers mon bureau, la magnifique vue sur la partie nord de Tana et au loin les collines et rizières de l'Imerina.

    Toujours trop habillée, elle portait des lunettes et d'étranges bonnets, peut-être même un serre tête avec des espèces d'oreilles de Mickey. Elle passait ses journées entourés de sacs, et de temps à autre on la voyait faire sa cuisine avec un réchaud au charbon dans une boîte de conserve. Elle avait aussi un parapluie sous lequel elle s'abritait les jours de pluie.

    Le matin passant devant son campement en moto j'étais surpris de voir souvent un petit groupe de gens, des écoliers ou écolières de l'École des Frères, quelques Sœurs, une famille du voisinage... Je me demandais bien ce qu'ils pouvaient se raconter, j'imaginais les religieux essayant de consoler la dame, ou lui proposant une solution d'hébergement ? Mais les écoliers et écolières ? Je me l'imaginais alors un peu sorcière, ou conteuse, disant la bonne aventure ou racontant d'anciennes histoires.

    Je ne saurais pas, un jour elle n'était plus là et il ne restait que quelques bouts de tissu, de vieux vêtements, là où elle avait vécu.

    Et maintenant il ne reste rien, juste un pan de mur maçonné entouré de verdure.

     


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