• Le souvenir


    Il faudrait que j'écrive sur la mémoire. Il y a un peu plus de 17 ans j'étais venu avec mon père et ma sœur dans ce pays, un voyage touristique de deux semaines. Notre parcours avait débuté à Antananarivo, et pourtant en arrivant cette fois je n'avais plus aucune image de cette ville, rien de suffisamment net pour pouvoir retrouver un fil à tirer.

    Samedi je suis parti à pied de Betsaret où j'habite aujourd'hui vers le centre ville. Ma ballade, dont le cap était connu mais pas le chemin, m'a conduit à la gare et j'ai reconnu au coin d'une rue l'hôtel dans lequel nous avions logé (la forme de ses chambres pourtant m'échappe...). La géographie du lieu, l'entrée large à la quelle on accède par quelques marches, le pont au-dessus de la rue plus loin (en fait un tapis roulant pour transférer le courrier de la Poste au train), l'immeuble lui même - de cela je me rappelle. Je me souviens vaguement de l'avenue de l'Indépendance qui le longe, mais pas du tout de la gare, monument kitsch de l'architecture coloniale du début du 20e siècle...

    Je suis remonté en direction du Zoma, je savais qu'il avait été fermé, je l'ai lu dans un guide. De quoi je me souviens ? Il me reste en mémoire les toits en tuile, un labyrinthe flou. Il me reste l'envie d'acheter une natte en rotin, il me reste le déluge. Il me reste ma sœur et moi abrités sous une arcade (que je n'ai pas retrouvé) alors que la pluie tombe. Et en rentrant à l'hôtel nous avions été surpris de voir la rue inondée et la vie continuant les pieds dans l'eau...

    Le lendemain j'ai pris le chemin du Rova, grimpant à travers la ville haute, à travers ses rues pavées. Je suis passé devant le Palais du Premier Ministre - me rendant compte que c'était lui que je voyais depuis mon bureau et que je verrais depuis ma future maison. Le Rova a été détruit par un incendie, sans doute criminel, en 1998. Il est en cours de reconstruction, sans doute pour aller vite, c'est le béton armé qui a été choisi comme matériau de choix. Ce sera comme ces châteaux forts japonais, les formes sont là, elles gardent leur grandeur, leur élégance mais la texture... La texture a disparu et arrivé à proximité la forme perd son charme et la magie se dissipe... Je regarde le bâtiment en reconstruction et il ne me dit plus rien, ce que j'avais gardé en mémoire et que je pensais être le Rova est un autre rova, peut être celui de Ambohimanga. J'avais en tête une construction de plan carré a quatre tours comme celle qui se tient devant moi, mais en bois bleu et vert. Une structure légère, pas cette massive et imposante structure en granite...

    A travers 17 ans la mémoire fragmentée se trouve confrontée à la réalité...



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  • Commentaires

    1
    Andromeda
    Jeudi 14 Février 2008 à 18:08
    Ton souvenir...
    Je ne savais pas que tu est déjà allée à Antananarivo ! J'aime bien ce que tu as décrit - comment, soudain, les reliques d'un autre temps peut apparaitre devant soi - et tous les sentiments qui viennent. Keep well, A
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