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Les chiens
Le cœur de la nuit est brisé par la voix des chiens, ils s'interpellent, se répondent, s'excitent - leur aboiement sans cesse réverbérant comme d'une colline à l'autre de la ville. La cacophonie est parfois brièvement entrecoupée d'un silence, le temps d'une pensée, d'une respiration avant de reprendre à nouveau - aussi aigue et bruyante.
C'est que cette ville est pleine de chiens, créatures bâtardes au pelage pelé, on les voit courir la nuit les rues, fuyants, presque courant de biais, le regard inquiet, les cotes saillantes. Ils s'arrêtent, nous regardent méfiants un instant avant de reprendre leur chemin plus près encore du mur.
Mafou (le petit chien couturé de cicatrices) et Blackie (celui qui passe ses journées attachées derrière la maison) participent de la cacophonie poussant des hurlements dès que l'un de ces errants passe devant le portail. C'est l'appel du large. Et alors a chaque fois que je reviens à la maison une plainte angoissée se lève et Mafou essaye une fois de plus de s'échapper, aller rejoindre la meute qui rode...
Les chiens seuls derrière les murs, chiens de garde, bêtes tristes en manque de tendresse rêvent la nuit de leurs congénères qui filent dans la nuit, libres d'aller au-delà du parallélépipède de cette morne cour.
Tags : chiens, madagascar, antananarivo
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