• Nopal et histoire...

    L'histoire se mesure parfois a l'aune modeste d'une plante...

    Il fut un temps, sans doute, ou l'Androy était couverte de forêts de petits arbustes épineux tels ceux que l'on voit des deux côtés de la route qui mène de Fort Dauphin à Ambovombe. Un maquis de plantes adaptées aux conditions semi-arides de la région. Est-ce que dans ce maquis se déplaçaient déjà les antandroy à la poursuite de leurs majestueux zébus ?

    Aujourd'hui, l'Androy reste un pays semi-aride, reste une terre austère balayée par un vent incessant (il sculpte les arbres qui semblent alors pousser à l'horizontale), mais les épines ne sont plus les mêmes et le paysage ressemble à un cruel bocage. Des haies de figuiers de barbarie bordent les pistes et les chemins, protégeant les champs du vent et du bétail, servant, à l'occasion, quand la pluie ne vient plus, de fourrage.

    C'est la trajectoire de ces cactus qui est fascinante. Quand les aztèques sont arrivés sur ce caillou au milieu d'un marécage qui allait devenir Tenochtitlan, ils virent le signe qu'ils attendaient (un aigle mangeant un serpent) sur un nopal - un figuier de barbarie. C'est d'ailleurs l'emblème du Mexique contemporain. C'est que cette plante est d'origine mexicaine.

    La voilà pourtant si bien enracinée en terre antandroy que rares sont ceux qui pourraient dire qu'elle en est pourtant étrangère. Une innovation paysanne - la haie vive de figuiers de barbarie - a eu un succès si fulgurant que le mécanisme de propagation de cette innovation en est oublié.

    Les paysans africains ont donc une histoire, malgré ce que peut penser M. Guiano, ils innovent, ils innovent parfois de manière si profonde que l'innovation rentre dans la tradition, et son histoire se perd...



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