• L'histoire se mesure parfois a l'aune modeste d'une plante...

    Il fut un temps, sans doute, ou l'Androy était couverte de forêts de petits arbustes épineux tels ceux que l'on voit des deux côtés de la route qui mène de Fort Dauphin à Ambovombe. Un maquis de plantes adaptées aux conditions semi-arides de la région. Est-ce que dans ce maquis se déplaçaient déjà les antandroy à la poursuite de leurs majestueux zébus ?

    Aujourd'hui, l'Androy reste un pays semi-aride, reste une terre austère balayée par un vent incessant (il sculpte les arbres qui semblent alors pousser à l'horizontale), mais les épines ne sont plus les mêmes et le paysage ressemble à un cruel bocage. Des haies de figuiers de barbarie bordent les pistes et les chemins, protégeant les champs du vent et du bétail, servant, à l'occasion, quand la pluie ne vient plus, de fourrage.

    C'est la trajectoire de ces cactus qui est fascinante. Quand les aztèques sont arrivés sur ce caillou au milieu d'un marécage qui allait devenir Tenochtitlan, ils virent le signe qu'ils attendaient (un aigle mangeant un serpent) sur un nopal - un figuier de barbarie. C'est d'ailleurs l'emblème du Mexique contemporain. C'est que cette plante est d'origine mexicaine.

    La voilà pourtant si bien enracinée en terre antandroy que rares sont ceux qui pourraient dire qu'elle en est pourtant étrangère. Une innovation paysanne - la haie vive de figuiers de barbarie - a eu un succès si fulgurant que le mécanisme de propagation de cette innovation en est oublié.

    Les paysans africains ont donc une histoire, malgré ce que peut penser M. Guiano, ils innovent, ils innovent parfois de manière si profonde que l'innovation rentre dans la tradition, et son histoire se perd...



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  • C'est cette ville hétéroclyte qui pose ce bâtiment moderne de l'hôpital militaire dans le même paysage qu'un groupe de maisons traditionnelles...

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  • Il faudrait que j'écrive sur la mémoire. Il y a un peu plus de 17 ans j'étais venu avec mon père et ma sœur dans ce pays, un voyage touristique de deux semaines. Notre parcours avait débuté à Antananarivo, et pourtant en arrivant cette fois je n'avais plus aucune image de cette ville, rien de suffisamment net pour pouvoir retrouver un fil à tirer.

    Samedi je suis parti à pied de Betsaret où j'habite aujourd'hui vers le centre ville. Ma ballade, dont le cap était connu mais pas le chemin, m'a conduit à la gare et j'ai reconnu au coin d'une rue l'hôtel dans lequel nous avions logé (la forme de ses chambres pourtant m'échappe...). La géographie du lieu, l'entrée large à la quelle on accède par quelques marches, le pont au-dessus de la rue plus loin (en fait un tapis roulant pour transférer le courrier de la Poste au train), l'immeuble lui même - de cela je me rappelle. Je me souviens vaguement de l'avenue de l'Indépendance qui le longe, mais pas du tout de la gare, monument kitsch de l'architecture coloniale du début du 20e siècle...

    Je suis remonté en direction du Zoma, je savais qu'il avait été fermé, je l'ai lu dans un guide. De quoi je me souviens ? Il me reste en mémoire les toits en tuile, un labyrinthe flou. Il me reste l'envie d'acheter une natte en rotin, il me reste le déluge. Il me reste ma sœur et moi abrités sous une arcade (que je n'ai pas retrouvé) alors que la pluie tombe. Et en rentrant à l'hôtel nous avions été surpris de voir la rue inondée et la vie continuant les pieds dans l'eau...

    Le lendemain j'ai pris le chemin du Rova, grimpant à travers la ville haute, à travers ses rues pavées. Je suis passé devant le Palais du Premier Ministre - me rendant compte que c'était lui que je voyais depuis mon bureau et que je verrais depuis ma future maison. Le Rova a été détruit par un incendie, sans doute criminel, en 1998. Il est en cours de reconstruction, sans doute pour aller vite, c'est le béton armé qui a été choisi comme matériau de choix. Ce sera comme ces châteaux forts japonais, les formes sont là, elles gardent leur grandeur, leur élégance mais la texture... La texture a disparu et arrivé à proximité la forme perd son charme et la magie se dissipe... Je regarde le bâtiment en reconstruction et il ne me dit plus rien, ce que j'avais gardé en mémoire et que je pensais être le Rova est un autre rova, peut être celui de Ambohimanga. J'avais en tête une construction de plan carré a quatre tours comme celle qui se tient devant moi, mais en bois bleu et vert. Une structure légère, pas cette massive et imposante structure en granite...

    A travers 17 ans la mémoire fragmentée se trouve confrontée à la réalité...



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  • La pluie de fin de journée tombe sur la ville alors que le soleil se couche et rosit déjà quelques nuages. Depuis la fenêtre de mon bureau, entre les arbres je vois des pentes couvertes de bâtiments et des cîmes encore arborées. En étirant le cou, là, entre les branches d'un flamboyant, j'apperçois le sommet d'une des tours du palais de la Reine Ranavalona I.

    C'est la fin de ma deuxième journée ici, et je sens que je vais m'y plaire.

    Ici c'est Antananarivo où je dois passer la majeur partie des deux années à venir.

    Ce blogue qui avait été plutôt nomade va se sédentariser un peu et j'écrirais des billets sur cet univers nouveau dans lequel je baigne... Pour le moment la bande passante dont je dispose est plutôt mauvaise, ce qui limitera mes publications au texte... Plus tard, avec un peu de chance, je pourrais à nouveau mettre en ligne quelques photos ! 


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  • Au début 2007 j'avais publié une photo d'un col en Afghanistan pour symboliser ce que j'espérais que cette année-là serait. Je sentais que je m'aprettais a entrer dans une vallée encore inconnue. La vallée s'est avérée aride et austère, comme le paysage qui se devinait  derrière ce col afghan.

    Et maintenant je sens que 2008 doit être une année de transition, un pont sur mon chemin.

    2008 comme pont.

    Peut être comme le pont de cette photo, presque abstrait, une arche seule qui permet de franchir un gouffre par une matinée d'hiver. 

    Bonne traversée et bonne route !

     


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