• C'est un centre de transfert dans un quartier de Saigon. Un centre de transfert ? C'est un site où de petits véhicules viennent y déverser les ordures qu'ils ont collecté et de plus gros véhicules les emportent au loin...

    Les véhicules habituels, ceux pour les quels le site à été conçu, sont des camions bennes pas très différents de ceux que nous voyons dans nos villes. Mais celle-ci est pleine de petites ruelles, de gens pauvres, de quartiers intersticiels non couverts par les bennes de la municipalité. Les ordures que ces gens là produisent sont ramassées par d'improbables tricycles bricolés, capables eux de se faufiler dans les quartiers. Voilà le machin qui arrive, pétaradant, son chargement débordant, un type accroché aux ridelles, un type accroché au guidon et des sacs de recyclables accrochés sur les bords.

    Le truc se gare, les types descendent de leur mécanique et se mettent à vider sur le sol les ordures qu'ils auront récupérés. Pendant ce temps-là un énorme bulldozer s'affaire à ramasser dans sa pelle les ordures que d'autres ont laissé et à les verser dans les deux grandes bennes qu'un camion emmènera plus tard à la décharge.

    Dans cet espace pas bien grand s'affairent donc l'improbable collecteur et le gros bulldozer, le fragile tricycle et l'imposant engin... On sent bien que tout cela est dangereux, mais personne semble s'en soucier et la valse des véhicules continue !



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  • C'est un soir de novembre, un jour de grève dans les transports. L'atelier de typographie fermé j'ai traversé le nord du Marais à pied, espérant me perdre, me disant que je reviendrais m'y perdre. Je suis sur le retour, je rentre dans mon 18e arrondissement, je cherche la ligne 4, elle marche encore à peu près.

    En attendant le bon métro, mais sur le mauvais quai (!) je vois du coin de l'oeil deux jeunes se parler en langue des signes. C'est une jeune fille d'origine maghrébine aux traits acérés et un gars d'origine africaine portant une casquette de baseball rivée sur la tête. 

    Puis leurs gestes semblent se rythmer, devenir plus vifs. Les voilà accompagnés de l'esquisse de pas de danse. L'un lance une suite de mouvements, d'expressions, et est répondu par l'autre en une sorte de kan ha diskan gestuel.

    Je comprends alors, avant de monter dans la mauvaise rame, que je viens d'être témoin d'un battle de rap LSF... 

     


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    Encore une de ces femmes qui traversent Ho Chi Minh totalement recouvertes de tissu...

    Encore ce désir de blancheur...

     

     


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    Le titre est un peu trop aguicheur, ces femmes sur leurs bécanes n'ont rien de talibanes...

    Seulement la première fois qu'on les voit, dans le flot de deux-roues incessant des rues de Ho Chi Minh ville, on est surpris. Ces femmes ne montrent qu'a peine leurs yeux entre masque et chapeau, et malgré la chaleur tropicale, elles portent de longs gants qui recouvrent chaque pouce de peau sur leurs bras. Elle sont comme engoncées dans une armure, le heaume rabaissé, prêtes à la charge (d'ailleurs quand le feu change de couleur c'est ce qui se passe : la charge de la brigade légère...).

    Sans doute qu'une fois arrivées à destination tout cet attirail tombe, elles tombent le masque, elles tombent le chapeau, elles tombent les gants et émergent de tout cela de souriantes saigonnaises !

    Le masque encore on peu le comprendre, les hommes aussi le portent, tous espèrent échapper aux gaz d'échappement omniprésents... Mais des gants ? En cette chaleur ? Qui remontent jusqu'au coude si ce n'est au-delà ? Cela semble dément. Pour se protéger contre une chute au sol (c'est vrai qu'elles doivent être communes) ? C'est peu probable vu la légèreté du tissu.

    On cherche la raison quand, posant la question a un voisin dans ce bus qui traverse la ville, on obtiens la réponse... Elles cherchent simplement a se préserver de l'impact bronzant du soleil...

    Est-ce encore le résultat de la force de frappe de notre culture occidentale ? De nos propres canons de beauté ? Est-ce une mode qui vient du nord, de la Chine ? Est-ce pour se différencier des voisins ? En tout cas, une femme pour être belle doit être blanche.

    Quel dommage, car la il y a, bien sûr, de la beauté dans la peau cuivrée des femmes qui ne se laissent pas intimider par les rayons du soleil...



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    L'objectif de notre visite au petit bourg rural de Smau Khnei avait quelque chose de scabreux : nous étions là pour voir comment le lieu pouvait être assaini, une histoire d'égouts, d'exutoires, de futures lagunes (là où aujourd'hui des eaux noires croupissent...). Nous faisions le tour du marché, centre du village, site où il existe un embryon de réseau, il était question d'avaloirs, de regards, de buses de ciment, nous allions de coin en coin du marché sous le regard étonné des habitants.

    C'est à peu près au troisième coin, donc derrière le marché, loin de la nationale qui le borde, là ou les maisons en bois sont adossées au mares qui constellent le bourg, que je suis tombé en arrêt saisi par une scène se déroulant au rez-de-chaussé d'une de ces maisons. Par le porche (ou la porte ?) ouvert, on apercevais dans l'ombre une table, peut être un bout de cuisine. Sur la table étaient disposés des bols contenant sans doute des aliments. Une femme en sarong était accroupie sur la table, plongeant sa main dans les bols devant elle : elle mangeait. Juste derrière elle un chat gris se tenait assis, me regardant regarder le repas. J'ai voulu photographier tout cela tellement cela m'a semblé incongru, puis je me suis refréné, la scène n'existe plus que dans ma mémoire et dans les mots que j'aligne.

    Que dire de plus ? Que la table était de type européen, conçue pour que l'on y mange assis sur des chaises, qu'il avait sans doute été difficile pour cette femme d'y monter mais que la puissance de feu de notre culture fait qu'une femme à Smau Khnei se retrouve accroupie sur une table trop haute alors qu'une table basse, plus traditionnelle, comme on en voit dans les restaurants pour touristes lui aurait sans doute mieux convenu...



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