• Pas de douches dans la BMK, il faut faire comme les russes et dédier un jour (ou une après-midi) au banya, au sauna. Nous partons donc en recherche d'un banya privé sur Gulcha, Bazarbai rentre dans un local qui semble prometteur près du bazar. Depuis le Was je vois les allées et venues des acheteurs et vendeurs. Un gamin pousse une poussette remplie de thermos, une femme, sa mère peut être le suit portant un sac plein à craquer de thermos : du thé à vendre sur le marché ?

    D'ailleurs, c'est lors de notre deuxième voyage de nettoyage, à Jiluu Suu, où coule une source tiède aménagée en piscine, que je vois clairement les étranges tatouages de Rahmatjon, l'une des personnes que je forme, un ancien camionneur. Il ne doit pas vraiment savoir ce qu'ils veulent dire ces dessins vert-gris qui pourraient être la marque d'un ex-taulard. Seulement, sur son biceps gauche, une femme en uniforme nazi me regarde dans le sauna...



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  • San Dionisio est un gros bourg près de Matagalpa dans une zone agricole. Sur les collines entourant le village on cultive du maïs et des haricots noirs, certaines parcelles sont réservées au pâturage, des grosses vaches brahmanes broutent l'herbe ou se baladent de façon nonchalante le long des routes. Les routes sont mauvaises et les véhicules peu nombreux, la plu part des paysans se déplacent soit à pied, soit à cheval. Le village est plus structuré que Rio Blanco, en damier, la plupart des maisons sont en dur, les toits sont même parfois en tuiles. J'ai passé un moment assis sur le pas de la porte regardant la rue. Une petite place se trouve sur la gauche, un grand arbre y pousse et à cette heure plusieurs hommes y sont regroupés. Des gamins leur cirent les chaussures, d'autres jouent et se bousculent sur la place. Soudain une jeune femme arrive au galop sur un cheval, elle porte un short très court et son haut sans manches est taché de sueur. Elle traverse la place à toute allure, un des jeunes sur la place saute sur son cheval et la poursuit sur la piste qui monte vers l'une des sorties du village. Elle traversera la place plusieurs fois, venant de directions différentes, comme folle. J'imagine les quolibets des hommes sur la place. J'entends ceux de la vieille à coté de laquelle je suis assis : "du temps de Somoza ont l'aurait vite arrêté celle-là" ou "elle est soûle"...

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    En allant vers le centre nous croisons le Was vert olive du chef du réseau de distribution d'eau : Bazarbai Atamov. C'est un grand kirghize dont un œil est enneigé, il porte un costume de style soviétique et un beau akkalpak blanc et noir. Il descend de son véhicule et vient nous saluer : une poignée de main chaleureuse et presque tendre et une accolade, comme s'il recroisait d'anciens amis.

    Il nous emmène dans nos logis : la BMK (de ce que je comprend cela veut dire « Brigade Mobile de Construction). Le bâtiment se trouve sur le terrain d'une ancienne entreprise d'état qui ne tourne plus qu'au ralenti, il devait servir de logement pour les ouvriers de la construction venus d'ailleurs. C'est le confort moderne : lits en planches durs comme du bois mort, latrines odorifères, chauffage en béton armé (littéralement...), portes et fenêtres qui ferment mal malgré le froid extérieur et comble du luxe un billard aux boules uniformément blanches. Au rez-de-chaussée, des pièces qui devaient servir de bureau à une autre époque servent maintenant de silo à grain : par les fenêtres on voit le blé s'entasser, 1 m 30 de profond.

    Un soir je me dirige vers les infâmes latrines au fond de la cour. Le ciel est limpide, Orion se lève penché à l'est, des chiens aboient dans la nuit, un jeu de relais incessant. Soudain la voix d'un muezzin s'élève dans l'air froid. C'est un instant de magie.

    Je visite avec Bazarbai une réparation de fuites, un tas de gamins excités regardent dans la fosse ce qu'il se passe, Bazarbai fait pleuvoir ses ordres sur les plombiers qui bossent dans la flotte là-bas en bas. Un gamin passe sur une bicyclette trop grande, il porte une casquette à rabats, ses joues sont rouges de pédaler. Comme il est petit, il pédale debout sous le cadre de l'énorme engin ukrainien ou chinois.


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