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    Je n'ai pas de photo de Lenner, en tout cas pas de photo numérisée. C'était un gamin d'environ sept ans qui vivait dans ma rue à Rio Blanco (Nicaragua). Il traînait souvent chez moi le soir, ma maison était devenue un lieu de rendez-vous pour des gamins du quartier - un univers un peu différent de celui auquel ils étaient habitués. Lenner sortait de ses poches d'innombrables bidules comme n'importe quel gosse : des bouts de ficelle, des morceaux de bois, l'aimant cassé d'un haut-parleur (avec le quel nous improviserons un jeu de pèche dans les 200 litres du bidon d'eau pour la vaisselle) et bien sur une "hulera" - un lance-pierre. Lenner était espiègle et parfois énervant soudain nerveux lui-même, cherchant les limites du "gringo". Il n'allait plus à l'école et déjà aidait son père à la "finca" - aux champs. Ses parents ne voyant sans doute pas bien l'objet des leçons diverses qu'il devait apprendre.

    C'est le lance-pierre et l'âge qui me font dire que le gamin afghan sur la photo est aussi un Lenner, déjà aux champs, encore espiègle et énervant, encore un peu enfant.

     


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  • Enfin, après deux semaines dans cet univers beau et bizarre, comme cloîtré dans la BMK (avec néanmoins quelques balades à pied dans la ville, grandes avenues vides, feux tricolores aveugles et inutiles, ce marché trop petit, les bornes-fontaines délabrées pissant l'eau sans cesse, quelques boutiques, des grands bâtiments vides, les vitres remplacées par du plastique), je repars, la formation finie.

    Mon Lomo ayant rendu l'âme pendant mon séjour à Gulcha (ou même avant), arrivés à Osh, Alisher m'emmène à la recherche d'un nouvel appareil photo. Ce n'est pas dans les boutiques Kodak que je risque de trouver un appareil intéressant, nous faisons le tour de quelques studios photo. Dans le sous-sol d'un centre commercial, après avoir descendu un escalier assez sombre (je commençais à me demander dans quelle galère j'étais embarqué !) nous sommes arrivés dans une pièce aux murs couverts de photos de mariage, trois types assis sur un banc discutaient éclairés par une lumière plutôt ténue. Alisher leur explique les raisons de notre passage, le photographe commence par dire qu'il ne sait pas trop où nous pourrions trouver de bons appareils. Il finit par nous proposer l'un des siens, d'un petit coffre fort d'un bleu clair écaillé il sort une demi-douzaine de Zenit d'au moins les années 80. Pendant que je regarde chaque appareil, que je fais semblant de m'y connaître, Alisher explique à l'assemblée ce qu'un toubab peut bien faire là. Je finirais la soirée avec un Zenit totalement manuel pour 10 US$. Il rendra finalement l'âme après une seule péllicule !



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  • C'est un pays magnifique que seule l'eau fait vivre. Les vallées sont de vraies coulées vertes entre des paysages d'une austérité lunaire. Autour de nous des montagnes pelées aux tons ocres et au centre les peupliers et le blé. Les villages qui bordent les vallées semblent être des excroissances de montagnes mêmes. Ils ont quelque chose de minéral.

    Les personnes que l'on croise sur le bord des routes, enturbannées, à dos d'âne semblent sortis tout droit de contes médiévaux. Les fermes fortifiées en pisé qui parsèment l'espace rajoutent une couche à cette impression médiéviste.

    Dans les champs, en voiles multicolores les femmes arrachent les mauvaises herbes, on dirait d'exotiques fleurs de printemps (des fleurs timides cependant car elles détournent le visage dès qu'on les approche).



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    C'est un étrange mélange de cultures qui ressort de la nourriture kirghize. La base : de la viande et encore de la viande - de bœuf, de mouton et même de yak - est nomade, mais il y a quelque chose de russe dans ces salades avec gros cornichons, betterave, pommes de terre et fenouil et quelque chose de chinois dans ces raviolis cuits à la vapeur...


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  • Kaboul est poussiéreuse, les paysages sont ocres à perte de vue. Autour de l'aéroport quelques blindés russes sont en train de rouiller paisiblement. Quelques murs portent des traces de balles et d'obus et certains bâtiments sont toujours éventrés.

    Le transport dans cette ville est un véritable enfer, c'est comme Nouakchott (quatre voitures font un embouteillage) en plus grand et plus bordélique : klaxons de tous cotés, cyclistes suicidaires et pousse-charge divers... Deux blindés légers allemands sont bloqués dans tout ce bazar, les mitrailleurs semblent flegmatiques...

    Le couché de soleil sur la chaîne de montagnes à l'ouest de la ville tout à l'heure était magnifique, comme coulé dans l'ouate par la poussière dans l'air. Au premier plan des gamins jouaient au foot dans un terrain vague et deux femmes, la burqa relevée pardessus la tête rentraient chez elles.

     


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